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Faut-il oser les injections anti-rides ?

Publié le 6 décembre 2024

Le passage du temps laisse inévitablement des marques sur le visage, et la médecine esthétique propose de les corriger à coups d’injections de Botox et d’acide hyaluronique.

Que faut-il en attendre ? Quels sont les risques ? Quelle est la meilleure ordonnance anti-âge ?

On célèbre bien mieux qu’avant la beauté sous toutes ses formes, tailles et couleurs. Pourtant, l’âge reste encore un territoire à conquérir, en particulier pour les femmes. Même si certaines actrices commencent à se montrer sans maquillage et avec des cheveux blancs, les rides restent majoritairement absentes. De nombreuses personnes assument très bien ces marques du temps sur leur visage. Néanmoins, selon les sondages, 75 % des femmes aimeraient revitaliser leur apparence et ressembler à une version plus fraîche d’elles-mêmes. C’est sans doute ce qui explique l’augmentation phénoménale (+ 233 %) du nombre d’actes esthétiques ces dix dernières années.

Les injections de Botox et d’acide hyaluronique se sont beaucoup démocratisées, grâce à des prix plus abordables, ainsi que sur la promesse de résultats à l’effet plus naturel. Qu’en est-il vraiment ? Faut-il y aller ? Et quel est le bon usage de ces injections et quels sont les risques ? Sinon, quelles sont les alternatives ? Ce sont toutes ces questions auxquelles ce guide tente de répondre.

Un vieillissement inévitable

La peau est un organe vivant avec une couche très active en profondeur, le derme, et une autre externe de protection, la couche cornée, composée de cellules essentiellement mortes. Depuis l’enfance, entre ces deux couches se produit un va-et-vient frénétique de cellules neuves qui vont remplacer les vieilles, au moins une fois par semaine.

Au fur et à mesure des années et de l’exposition au stress environnemental, le va-et-vient ralentit et le remplacement est moins fréquent, la couche cornée s’épaissit et le derme devient toujours plus fin et plus fragile.

Petit à petit, les fibroblastes, les cellules qui produisent de l’élastine et du collagène, travaillent moins, rendant la peau moins tendue et moins élastique. Le résultat, c’est qu’à force de sourire ou de froncer les sourcils, les plis creusés par toutes les expressions du visage ont tendance à persister sur la peau et, finalement, à se figer en rides et sillons.

Pour contrer le travail du temps sur la peau, le monde de la médecine esthétique propose de réaliser des injections.

Le sur-mesure : le Botox

À l’origine, le Botox est le nom d’un médicament – la toxine botulique – utilisé dans le traitement des pathologies neuromusculaires, comme le strabisme, la transpiration excessive ou les migraines. La toxine botulique agit en bloquant la libération de l’acétylcholine, le neurotransmetteur nécessaire à la contraction du muscle.

En médecine esthétique, c’est le même principe. Il s’agit de cibler l’injection d’une microdose à un endroit précis, de façon à induire le relâchement des muscles responsables des rides d’expression. La peau se détend et prend une apparence plus lisse.

Au Maroc, seuls les médecins et les chirurgiens sont autorisés à injecter du Botox au niveau du visage. Les zones les plus classiques et les plus sensibles au Botox concernent la partie supérieure du visage -la ride du lion (entre les yeux), les pattes d’oie et les rides du front -, mais il est aussi employé pour d’autres zones : le cou, les lèvres, etc.

L’action du Botox est transitoire et entièrement réversible, puisque le produit est détruit par l’organisme. Selon les personnes, les injections peuvent mettre de 5 à 10 jours avant d’agir complètement, et l’effet commence à diminuer après 4 mois.

Mais en renouvelant l’injection, la prolongation peut aller jusqu’à 6 ou 7 mois, voire plus. En clair, plus on en fait, plus le résultat est stable et moins on a besoin d’injections.

La star : l’acide hyaluronique

Le corps produit naturellement de l’acide hyaluronique, lequel est présent dans plusieurs tissus comme le cartilage des articulations et le derme, dont il constitue la matrice extracellulaire. Sa production décroît progressivement de 8 à 10 % tous les dix ans, et on estime qu’après 50 ans, on a perdu près de la moitié de son capital de départ.

L’arthrose a été la première indication des injections d’acide hyaluronique, et depuis les années 1990, l’on s’en sert aussi pour redonner volume et élasticité à la peau du visage.

La propriété principale de l’acide hyaluronique, c’est sa capacité à retenir l’eau, jusqu’à 1 000 fois son poids en eau, ce qui permet de combler les rides et de remodeler les volumes du visage. Sauf que son principal défaut, c’est sa longévité. Quand il est injecté dans la peau, il devient la cible d’enzymes spécifiques, les hyaluronidases, qui le dégradent en quelques heures seulement. Les laboratoires l’ont ainsi transformé pour augmenter sa tenue dans le temps, et chacun a élaboré sa propre formule chimique.

Le marché actuel propose une palette d’acides hyaluroniques, des gels fluides « réticulés » obtenus par biotechnologie plus ou moins denses avec une grande variété de formulations de différents poids moléculaires et destinés à différentes applications: lèvres, sillons nasogéniens, pattes d’oie, cernes, pommettes, etc. Les plus épais servent à transformer certaines parties du visage en créant un volume dans certaines zones (comblement des rides profondes, gonflement des pommettes ou des lèvres, atténuation d’une bosse nasale, etc.). D’autres, plus récents, sont à base d’acides fluides tendant à stimuler le collagène, à améliorer l’hydratation et l’épaisseur du derme. Les indications sont innombrables, et la seule limite est la maîtrise technique de celui qui pratique l’injection. Les premiers résultats sont immédiats, mais le résultat définitif intervient dans les trois jours à un mois après. L’effet dure environ 12 mois selon le type d’acide utilisé et la qualité de la peau, avant que le produit ne soit résorbé par l’organisme.

Attention aux complications

Les femmes enceintes ou allaitantes doivent s’abstenir d’injections, et pour le Botox également en cas de troubles neuromusculaires comme la myasthénie, une pathologie auto-immune. En dehors de ces situations, les injections sont généralement présentées comme sans dangers, sans être pour autant complètement anodines. Depuis la commercialisation du Botox en 2003 au Maroc, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n’a enregistré qu’une dizaine de signalements.

Pourtant, d’après une revue de presse anglaise réalisée en 2021, il est probable que ce chiffre soit loin de refléter la réalité. En analysant les données de 30 études recensant 17 352 injections de Botox sur le visage, les chercheurs en ont conclu qu’une personne sur 6 était concernée par des complications. Pour les plus courantes, il s’agit d’ecchymoses mineures, de maux de tête ou d’une raideur faciale, des réactions qui régressent spontanément avec le temps. C’est le grand avantage de ces produits entièrement résorbables.

Concernant l’acide hyaluronique, les risques, hormis les réactions locales inflammatoires bénignes qui régressent sans séquelle, seraient quasi-nuls. Parmi les effets secondaires, il faut néanmoins signaler l’allergie à l’acide hyaluronique, même si elle est très rare. D’autres complications surviennent si l’injection est pratiquée au mauvais endroit. Certaines localisations sont dangereuses à cause des vaisseaux sanguins. Si ces derniers sont touchés, cela peut provoquer une obstruction, une nécrose cutanée ou même la cécité si c’est près d’un œil.

Une connaissance précise de l’anatomie du visage est essentielle. L’ANSM a rappelé récemment que seuls les médecins avaient le droit de réaliser ces injections, ils sont à même de maîtriser les effets secondaires immédiatement. Tout dépend vraiment du savoir-faire de la personne qui pratique l’injection.

Des résultats naturels et maîtrisés

Les injections de Botox et d’acide hyaluronique requièrent le recours à un praticien chevronné. Et avant de se lancer, il est recommandé de vérifier son expérience en médecine esthétique, les formations suivies et les résultats obtenus sur d’autres patients. Certains sont de véritables virtuoses, qui peuvent choisir et combiner les produits en fonction de la morphologie de leur patient.

Les actes ont beaucoup évolué ces dernières années, et les praticiens sérieux ont à cœur de proposer un résultat subtil et harmonieux grâce à des injections personnalisées bien ciblées. Ils se fondent sur une analyse précise du visage et de sa dynamique.

Les deux produits peuvent être associés. L’acide hyaluronique permet de redonner de l’éclat à la peau, de combler les rides superficielles et d’ajouter un effet volumateur de façon à rectifier de manière discrète l’aspect fatigué ou vieilli du visage.

Avec le Botox, le point fondamental est d’avoir la main légère pour bloquer les muscles responsables des rides, sans pour autant figer les expressions. Pour un résultat plus naturel, il est impératif de commencer par des doses modérées, la fréquence ensuite est adaptée au cas par cas, mais un Botox réussi peut laisser subsister quelques rides fines, tout en améliorant significativement l’ensemble du visage.

Les médecins esthétiques proposent généralement de démarrer les injections autour de la trentaine pour le Botox, quand les premiers signes de vieillissement commencent à apparaître, et pour l’acide hyaluronique pour un effet repulpant et lissant.

Les résultats sont plus faciles sur des peaux encore jeunes et avec des rides naissantes, mais il est tout aussi possible d’attendre la quarantaine, voire la cinquantaine. Chaque visage est unique, avec ses propres besoins, et il n’existe pas de consensus scientifique sur l’âge idéal pour commencer. En revanche, passé 60 ou 65 ans, la plupart s’accordent pour ne plus préconiser d’injections. À ce stade, les rides représentent le plus souvent de véritables cassures dans la structure de la peau. L’élasticité et la réactivité de la peau ne permettent d’espérer que des résultats très minimes et peu visibles.

Le Botox contrôlerait-il les émotions ?

Le Botox ne fait pas qu’effacer les rides, il pourrait aussi améliorer les symptômes de la dépression. Le risque de dépression serait de 40 à 80 % moins élevé chez ceux qui reçoivent des injections. Ce qui fonctionne pour les dépressifs semble aussi efficace pour ceux qui souffrent d’un trouble de la personnalité borderline, des personnes qui ont des émotions exacerbées et des sautes d’humeur extrêmes.

Une des explications envisagées se base sur la théorie de la rétroaction faciale qui stipule que les mouvements du visage modulent les émotions, le cerveau perçoit et s’aligne sur ce que le visage exprime. En effet, après une injection de Botox au niveau du front et des sourcils, les muscles ne permettent pas de grandes expressions de tristesse et de colère, ce qui court-circuiterait la boucle vers le cerveau et empêcherait le renforcement d’une spirale négative dépressive. Une étude récente semble bien confirmer cette hypothèse. Des examens par IRM ont révélé des modifications de l’activité cérébrale dans l’amygdale, la partie du cerveau liée aux émotions, après des injections de Botox. Pour les chercheurs, les changements dans les expressions du visage semblent bien réduire l’expérience interne des émotions négatives et favoriser les émotions positives.

Les sérums et les compléments à l’acide hyaluronique : info ou intox ?

De nombreux cosmétiques contiennent de l’acide hyaluronique et promettent une meilleure hydratation de la peau pour ralentir le vieillissement cutané. On peut, en effet, constater des améliorations après quelques semaines d’utilisation de nanoparticules d’acide hyaluronique. L’effet direct est un regonflement la peau et un léger aplanissement des rides, sachant que l’action des sérums se concentre sur la couche la plus externe de la peau, les rides ne disparaissent pas, mais elles se voient moins.

Côté complément alimentaire, les effets restent discutés. L’acide hyaluronique est largement détruit par la digestion, et il est difficile de croire qu’il puisse remplacer celui de la peau à cause de sa forme moléculaire. Il est probable qu’un bouillon d’os riche en collagène et en acide hyaluronique apporte autant de satisfaction.

Les bons réflexes antirides

L’exposition au soleil et aux UV provoque des dommages sur la peau en raison du stress oxydatif. Pour de nombreux spécialistes, jusqu’à 80 % du vieillissement de la peau est dû aux expositions au soleil, qui provoquent des rides, des taches pigmentaires, des varicosités et un teint inégal :

  • Limitez le temps passé au soleil, portez des vêtements protecteurs et un chapeau.
  • Utilisez un écran solaire quand vous êtes à l’extérieur, à appliquer sur la peau exposée, au minimum sur le visage, les mains et le décolleté. Renouvelez toutes les deux heures, plus souvent si vous transpirez ou nagez.
  • Choisissez une crème hydratante contenant un écran solaire intégré. Une bonne crème s’utilise tous les jours. Son objectif: améliorer l’hydratation de la peau. Les crèmes antirides relèvent surtout du marketing, et les plus chères ne sont pas forcément les meilleures. Outre l’acide hyaluronique, une bonne crème peut renfermer d’autres ingrédients phares de la cosmétique anti-âge :
  • Les rétinoïdes sont des dérivés de la vitamine A. Ils accélèrent le renouvellement cellulaire et peuvent stimuler la production de collagène, permettant ainsi d’améliorer l’aspect des rides et d’uniformiser le teint.
  • La vitamine C est antioxydante, et elle peut atténuer l’apparence des rides et ridules en protégeant la peau des dommages du stress oxydatif. Elle peut également améliorer l’élasticité et la fermeté de la peau en aidant le corps à produire plus de collagène.
  • Le collagène marin pourrait assurer une bonne hydratation de la peau et restaurer sa densité.
  • Les acides de fruits (AHA) servent à donner de l’éclat à la peau en la débarrassant des cellules mortes et en stimulant le renouvellement cellulaire ainsi que la production de collagène. Ils peuvent être irritants pour les peaux sensibles, et la plupart sont photosensibilisants. À ne pas utiliser avant une exposition au soleil.

Une belle peau se nourrit aussi de l’intérieur. Boire de l’eau est une priorité pour garantir une hydratation suffisante du corps.

Du côté de l’alimentation, le régime méditerranéen permet de consommer beaucoup de végétaux riches en antioxydants et bonnes graisses, et il pourrait prévenir le vieillissement cutané.