CANCER les plantes qui vous accompagnent

Le Dr Joël Liagre est médecin généraliste spécialisé en phytothérapie et en aromathérapie. Il détient également un diplôme en homéopathie et en micronutrition. Dans son cabinet à Anglet, au Pays basque, il reçoit de nombreux patients venus parfois de loin pour profiter de sa grande expérience en santé naturelle. Le Dr Liagre a coécrit le livre Conception des compléments Alimentaires (Éditions Lavoisier, 2016).
Cancer : les plantes qui vous accompagnent
Face au cancer, tous les malades ne sont pas égaux. Pour l’un, c’est un véritable parcours du combattant »: il est exténué par son traitement, a des nausées et des vomissements à répétition. Il fait une rechute après plusieurs mois et ne semble jamais vraiment débarrassé de son cancer. Pour l’autre, au contraire, tout se passe bien »: il ne subit presque aucun e!et secondaire. Il guérit rapidement et ne retombe jamais malade, même après plusieurs années. Quelle est la di!érence entre les deux »? C’est qu’un des deux a eu la chance d’avoir été bien accompagné »: par sa famille et ses amis bien sûr, mais surtout… par les plantes »!
La nature au chevet des malades
Si l’utilisation des plantes médicinales n’est pas véritablement un traitement contre le cancer, elle peut contribuer e#cacement à l’amélioration de la qualité de vie des patients. C’est ce qu’on appelle des soins de support. Il ne s’agit pas ici d’opposer les médecines naturelles et la médecine allopathique classique, mais de voir comment les remèdes naturels permettent de soigner et de soulager, même dans le cadre de maladies graves. Et surtout »: vous ne subirez plus la maladie, vous deviendrez acteur de votre traitement. Je vous présente tout de suite mon équipe de choc »: ce sont les meilleures aidessoignantes végétales. En cas de cancer, gardez-les bien auprès de vous, elles vous seront d’un précieux soutien tout au long de cette épreuve difficile.
Ne délaissez pas cet organe
L’organe essentiel à accompagner et à soutenir au cours des chimiothérapies est le foie. En e!et, un de ses rôles essentiels est la détoxification. C’est un processus qui, grâce aux nombreux systèmes enzymatiques, prend en charge toute molécule, qu’elle soit produite par l’organisme lui-même comme les hormones, ou d’origine externe comme les médicaments. Les produits de chimiothérapie, extrêmement toxiques, agressent les cellules hépatiques qui ont ensuite du mal à éliminer ces molécules. De ce fait, elles s’accumulent et augmentent ainsi les e!ets secondaires des traitements. Mais si on le soutient correctement, le foie transforme ces molécules en substance inactive avant de les éliminer.
Première étape : protéger votre foie
Tout d’abord, il s’agit de protéger la cellule hépatique et ensuite de favoriser son activité détoxifiante. Cela permet d’éviter l’accumulation des toxiques sans pour autant augmenter trop rapidement leur élimination, ce qui pourrait diminuer l’e#cacité des traitements.
LE DESMODIUM est une plante merveilleuse qui pousse à l’état sauvage en s’entourant autour des troncs des palmiers à huile ou des cacaoyers. Si l’on ne devait en prendre qu’une, ce serait celle-là »! Elle régénère et protège la cellule hépatique des dommages causés par les virus des hépatites, les médicaments, l’alcool et les toxiques de l’environnement. Elle normalise les transaminases et la bilirubine qui ne doivent pas excéder un certain pourcentage dans le sang. Le desmodium est un hépatoprotecteur, c’est sa propriété majeure. Il n’a aucun e!et sur la détoxification et peut donc être utilisé sans problème tout au long de la chimiothérapie sans en réduire l’e#cacité. Il permet de diminuer les nausées et d’améliorer la récupération après les traitements.
Posologie!: les parties utilisées sont la tige et les feuilles. Utiliser la décoction en priorité quand cela est possible »: 6 à 10 g dans 1 litre d’eau, faire bouillir pendant 15 minutes et boire dans la journée (seul problème »: son goût peu apprécié). Autrement, privilégier les formes liquides, aqueuses ou hydroalcooliques, ou en solution glycérinée (EPS), beaucoup plus concentrées. Éviter les formes en gélules de poudre, trop peu concentrées en principes actifs (il faudrait en prendre de grandes quantités). Prenez-en 2 fois par jour, la veille de chaque cure, puis pendant les 7 à 10 jours suivants. Vous pouvez aussi le prendre en continu. La plante n’a aucun e!et secondaire connu et ne présente aucune interaction médicamenteuse.
Deuxième étape : nettoyer vos filtres
Dans un second temps, il faut permettre au foie d’éliminer les médicaments sans gêner leur e#cacité. Pour cela, ne commencer à utiliser les plantes ci-dessous qu’au 7e ou 8e jour après la chimio.
LE CHARDON-MARIE est une plante très utile en cas de cancer »: l’un de ses principes actifs les plus remarquables est la silymarine qui lui donne un puissant e!et hépatoprotecteur. De nombreuses publications attestent de son e#cacité contre l’intoxication à l’amanite phalloïde, au paracétamol ou encore à l’éthanol. Chez les patients atteints d’hépatites virales ou de cirrhose, la silymarine diminue les taux de transaminases, de gamma GT et de bilirubine Elle régule le flux biliaire (cholagogue). Elle est aussi antioxydante, hypocholestérolémiante et anti- inflammatoire.
Posologie!: on la trouve sous forme de teinture-mère, extrait fluide, EPS, gélules de poudre ou d’extrait sec. À prendre 2 fois par jour à partir du 7e jour après la chimio jusqu’à la veille de la prochaine chimio (en général espacées de trois semaines). Elle s’associe avec le desmodium selon la tolérance hépatique ou avec une des deux autres plantes ci-dessous.
LE RADIS NOIR est la plante majeure de la détoxication hépatique. Il favorise l’élimination de toutes les substances d’origine exogène, comme la pilule contraceptive, les psychotropes, les cancérogènes chimiques et les produits de la chimiothérapie. On le trouve sous di!érentes formes, solution hydrique ou alcoolique, gélules de poudre de plante ou d’extraits secs. Mais attention, le radis noir a également de puissants e!ets cholérétiques (qui stimule la production de bile par le foie) et cholagogues (qui favorise l’évacuation de la bile de la vésicule biliaire). Il faut donc éviter son utilisation en cas de lithiase biliaire. Si vous avez un doute, utilisez plutôt la fumeterre (voir ci-dessous).
LA FUMETERRE, très répandue dans nos jardins est très facile à utiliser. Elle a une activité dite amphocholérétique, c’est-à-dire qu’elle augmente ou ralentit la production de bile par le foie en fonction des besoins. Elle permet de drainer un e vésicule paresseuse et d’éviter la formation de lithiases. On peut l’utiliser en infusion, en teinture-mère, en gélules de poudre ou sous forme d’extrait sec. Ces di!érentes plantes (chardon-Marie, radis noir et fumeterre) s’utilisent en association 2 fois par jour à partir du 8e jour après le début de la chimiothérapie jusqu’à la veille de la prochaine cure.
LE CURCUMA est une puissante plante médicinale qui possède de très nombreuses propriétés. Jugez-en par vous-même : hépatoprotecteur, stimule la détoxification hépatique, cholérétique et cholagogue, protège la muqueuse gastrique et intestinale, puissant antioxydant, antiinflammatoire, etc. De très nombreuses études ont montré l’intérêt du curcuma en cancérologie, aussi bien en prévention primaire que tertiaire et lors des chimiothérapies. La curcumine, un de ses principes actifs les plus étudiés, inhibe la prolifération des cellules tumorales et les sensibilise à la chimiothérapie. Avertissement: mais, et c’est le seul problème de l’utilisation du curcuma lors de la chimiothérapie, s’il augmente l’e#cacité de certaines molécules (comme le taxol), il peut diminuer l’e#cacité d’autres produits (endoxan, oncovin). D’où la règle, en dehors d’une prescription médicale, de ne pas utiliser le curcuma au moment de la cure de chimio, mais seulement avant ou quelques jours après celle-ci, comme les autres plantes de détoxification hépatique.
Posologie : deux prises par jour à prendre idéalement 5 jours avant la cure de chimiothérapie, rien pendant la cure et ensuite une semaine à partir du 8e jour comme les autres plantes.
3 remèdes pour calmer vos nausées
Avec ces di!érents remèdes, la chimiothérapie sera bien mieux supportée et vous récupérerez plus rapidement. La prochaine étape consiste alors à soulager les e!ets secondaires de la chimiothérapie, souvent nombreux. À commencer par les nausées.
1. Une racine qui apaise les nausées
Certains traitements sont extrêmement émétisants (ils font vomir) et il est alors important d’utiliser quelques plantes spécifiques pour calmer les nausées, comme le gingembre. La racine de gingembre possède de très nombreuses propriétés digestives : elle stimule les secrétions salivaires et gastriques, améliore la digestion, diminue les ballonnements… Elle est aussi antispasmodique et antinauséeuse.
Posologie : utilisez-le sous forme d’extraits secs, 2 comprimés ou gélules 3 fois par jour. Débutez la prise 2 jours avant la cure et jusqu’à 3 jours après.
2. L’homéopathie contre les vomissements
L’homéopathie est également e#cace pour lutter contre les nausées et les vomissements, en particulier Argentum nitricum 15CH. Prenez une dose à jeun le matin de la chimiothérapie.
3. 3 huiles essentielles pour vous soulager
Appliquez 2 gouttes des huiles essentielles suivantes et massez les jugulaires et les poignets plusieurs fois par jour. Commencez la veille de la séance :
- « »1 ml d’HE de gingembre (Zingiber o#cinale)
- « »1 ml d’HE de cardamome (Elettaria caramomum)
- « »1 ml d’HE d’estragon (Artemisia dranunculus)
Radiothérapie : 5 façons de vous protéger des effets indésirables
Bien que l’amélioration des techniques de repérage par la modélisation en 3D ait fait beaucoup de progrès, la radiothérapie reste un traitement assez agressif, entrainant des e!ets secondaires souvent importants. Et l’apport des médecines naturelles est alors intéressant, d’autant que les centres de radiothérapie ne proposent en général aucun traitement préventif.
Quels effets secondaires ?
La tolérance de la radiothérapie est di!érente de celle de la chimiothérapie dont les e!ets secondaires sont immédiats. La radiothérapie est indolore mais elle a des e!ets sournois qui s’installent peu à peu. Les plus importants sont la fatigue, les e!ets cutanés ou sur les muqueuses, la radiodermite – qui va du simple érythème à la brûlure–, ainsi que des e!ets profonds qui varient selon les organes irradiés : diarrhée, colite, cystites, etc…
Des plantes et des produits naturels pris dès le début permettent de traverser remarquablement cette épreuve avec très peu d’e!ets secondaires.
Du gras pour empêcher les lesions dans la peau
LES ALKYLGLYCEROLS sont des acides gras oméga-3 fortement présents dans le foie de requins des mers froides ou de poissons vivant dans les grandes profondeurs tels que les chimères. Ce sont des stimulants immunitaires qui ont des e!ets anti-angiogéniques (qui freinent la croissance des cellules cancéreuses). Et surtout, ils protègent la peau et les muqueuses des radiodermites, les lésions de la peau causées par la radiothérapie.
Ils améliorent la plasticité des membranes cellulaires et, de fait, l’e#cacité de la radiothérapie. Posologie : de très nombreux laboratoires proposent ces alkylglycerols. Prendre 2 capsules matin et soir. Commencer le traitement un mois avant la radiothérapie et continuer jusqu’à deux semaines après la fin des séances.
Les huiles essentielles qui protègent votre peau
La protection locale de la peau est également indispensable et c’est le domaine des huiles essentielles : l’huile essentielle de niaouli (Melaleuca quinquenervia) est cicatrisante, régénérante, antalgique, et protège remarquablement des radiodermites. Quant à l’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia), on ne présente plus ses qualités cicatrisantes et antalgiques hors du commun…
Le roi de la cicatrisation
LE GINKGO BILOBA est une extraordinaire plante aux qualités multiples particulièrement utile lors d’une radiothérapie. Elle stimule la microcirculation, favorise la cicatrisation et empêche le développement d’une fibrose post-radique.
Posologie: à utiliser sous forme d’extraits concentrés, en comprimés ou liquide, à prendre 1 fois par jour pendant toute la durée de la radiothérapie et pendant 1 à 2 mois après.
Que faire lorsque la prévention a échoué ?
Si, malgré toutes ces précautions, vous avez tout de même une radiodermite, il existe une autre plante formidable : l’aloe vera sous forme de gel, en application locale. L’aloe vera est remarquablement e#cace sur toute forme de brûlure, coup de soleil… mais aussi en cas de radiodermite. Ses propriétés cicatrisantes et antalgiques ne sont d’ailleurs plus à démontrer. Il est également possible de l’utiliser en bain de bouche pour cicatriser les muqueuses, par exemple après une radiothérapie pour cancer de la bouche.
Jeûner, une bonne idée ?
Je conseille systématiquement à mes patients un jeûne de 2 à 3 jours (pour les plus courageux et motivés) au moment de la cure de chimiothérapie. Les études sont certes peu nombreuses, et les cancérologues se hérissent souvent quand on leur parle de jeûne, mais les résultats sont là : meilleure tolérance à la chimiothérapie et des e!ets positifs sur la fatigue et les troubles digestifs… Et certainement aussi une meilleure e#cacité des traitements.
Le jeûne, marche à suivre
Même si le mode d’action n’est pas encore très clair, le jeûne protégerait les cellules saines. Le manque de nutriments met nos cellules en mode « stress » protecteur, mais pas les cellules cancéreuses qui, elles, ont un besoin quasi exclusif de glucose. Les cellules cancéreuses sont donc a!amées et augmentent leur réceptivité pour essayer de capter le peu de sucre qui entre dans l’organisme. Elles deviennent donc plus sensibles à l’action des molécules de chimiothérapie. Il n’y a donc aucun risque à pratiquer un jeûne de 2 ou 3 jours, d’autant qu’en général on n’a pas très faim lors des chimiothérapies. Pour le Pr Walter Longo, gérontologue, professeur de biologie et spécialiste du jeûne, il n’y a aucune preuve de sa dangerosité alors qu’il existe des preuves solides quant à ses nombreux bienfaits.
Conseil pratique pour jeûner pendant la chimio
Commencez à jeûner la veille de la chimio, le jour même et le lendemain, en buvant beaucoup : eau, tisanes, thé (sans sucre).