Interview Dr Fadwa Qachach

PARLEZ-NOUS DE VOUS ET DE VOTRE PARCOURS
Dr Fadwa Qachach, Oncologue- Radiothérapeute. J’ai effectué ma formation entre le CHU de Casablanca et l’institut Jules Bordet à Bruxelles.
OÙ EST-CE QUE VOUS EXERCEZ ?
J’ai choisi d’ouvrir le premier cabinet spécialisé en Oncologie à Mohammedia. Je prends en charge mes patients et je les accompagne à Casablanca au cours de leurs séances de chimiothérapie et de radiothérapie, en attendant l’ouverture d’une clinique spécialisée à Mohammedia.
AU MAROC, LES FEMMES SONT DE PLUS EN PLUS TOUCHÉES PAR LE CANCER DU SEIN, QUELLES EN SONT LES CAUSES SELON VOUS ?
L’augmentation de l’incidence du cancer du sein est un phénomène mondial ; Ceci est en partie secondaire à l’évolution des pratiques de dépistage.
L’instauration de ces programmes s’accompagne souvent d’une augmentation des chiffres au cours des premières années suivie d’une stagnation.
D’autres facteurs peuvent être responsables de cette recrudescence notamment le changement de mode vie devenu plus sédentaire avec une hausse du taux d’obésité et le changement des habitudes alimentaires des marocains.
PEUT-ON PRÉVENIR LE CANCER DU SEIN ?
La prévention est possible en luttant contre les facteurs de risque sur lesquels on peut agir. L’exercice physique, une alimentation saine, la réduction de consommation d’alcool et de tabac peuvent réduire sa survenue à long terme.
On peut également agir sur les facteurs hormonaux exogènes, tels que la prise prolongée de traitement hormonal substitutif après la ménopause, des traitements hormonaux visant à augmenter la fécondité, ou de contraception hormonale.
TOUTES UNIES PAR UNE MÊME COULEUR !
L’effet protecteur de l’allaitement a été démontré dans certaines études, surtout lorsque sa durée dépasse les six mois.
QUELS SONT LES SYMPTÔMES POTENTIELLEMENT ANNONCIATEURS D’UN CANCER DU SEIN ?
Dans les stades précoces, le cancer est souvent silencieux. Les symptômes apparaissent lorsque la tumeur devient assez grosse pour être palpée ou lorsqu’elle envahit les tissus voisins. Habituellement, la femme sentira une masse ferme et dure au niveau du sein ou de l’aisselle, celle-ci est rarement douloureuse et ne change pas au cours du cycle.
On peut également remarquer un changement de l’aspect ou de la taille du sein, la peau peut devenir rouge ou avoir l’aspect dit
de peau d’orange. Il peut y avoir un écoulement mamelonnaire transparent ou teinté de sang voire même la rétraction du mamelon.
Dans certains cas avancés ou métastatiques, les manifestations vont correspondre à l’organe concerné. En cas d’atteinte osseuse, des douleurs peuvent être ressenties au niveau des os, avec la survenue d’éventuelles fractures spontanées.
Une jaunisse peut apparaitre si le foie est atteint ou même un essoufflement si c’est le poumon qui l’est.
POURQUOI EST-IL IMPORTANT DE SE FAIRE DÉPISTER ?
Le dépistage est avant tout un moyen de rassurer la femme sur l’absence d’anomalie dans son sein. Un diagnostic précoce augmente l’efficacité du traitement et le rend moins lourd pour la patiente. Celle-ci pourra dans la majorité des cas sauver son
sein, ce qui l’affectera beaucoup moins autant physiquement que psychologiquement. Le dépistage permet enfin de réduire
considérablement les soins médicaux longs et coûteux .
ON ENTEND SOUVENT QUE LE RISQUE DE DÉVELOPPER UN CANCER DU SEIN AUGMENTE AVEC L’ÂGE, EST-CE VRAI ? ET À PARTIR DE QUEL ÂGE LES FEMMES DOIVENT ELLES PENSER À LA PRÉVENTION ?
Il est certain que le risque de développer un cancer du sein augmente avec l’âge. Dans la majorité des cas, ce cancer survient autour de 50-60 ans. Cependant, cette maladie peut affecter les femmes à des âges très différents. Ceci explique l’intérêt du dépistage par mammographie, chaque deux ans, chez toute femme âgée de 50 à 75 ans.
La prévention devrait, par ailleurs, commencer dès le plus jeune âge par les moyens cités précédemment et par l’auto-palpation mensuelle du sein à partir de 25 ans.
PEUT-ON ÉVITER LE TRAITEMENT PAR CHIMIOTHÉRAPIE EN CAS D’UN DÉPISTAGE PRÉCOCE ?
La chimiothérapie peut être évitée pour les petites tumeurs, si les ganglions ne sont pas touchés.
Le traitement consistera en une chirurgie conservatrice du sein suivie d’une radiothérapie et d’une hormonothérapie si la tumeur est dotée de récepteurs hormonaux. Depuis quelques années, des analyses génétiques de la tumeur sont également utilisées dans certaines situations, pour déterminer si la patiente est à bas ou haut risque de récidive et donc à orienter le choix du traitement adéquat.
QUELLES SONT LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE APRÈS UN CANCER DU SEIN ?
Les femmes traitées et qui sont toujours en période d’activité génitale doivent éviter les moyens hormonaux de contraception et tout traitement hormonal sans l’accord préalable de leur médecin.
En cas de chirurgie axillaire, dite curage, le risque de « gros bras » ou Lymphoedème augmente. Pour le prévenir, la femme devrait éviter le port de charges lourdes, la prise de sang ou de la tension artérielle au niveau du bras concerné et le port d’habits serrés ou inconfortables. Elle devrait également éviter la consommation de tabac et d’alcool et un excès de poids.
POURQUOI CERTAINES FEMMES ONT UNE ABLATION DE SEIN ET D’AUTRES PAS ?
Le choix de l’ablation partielle ou totale du sein dépend de plusieurs éléments.
La taille de la tumeur, le rapport entre la taille de celle-ci et la taille
ENCOURAGEZ LES AUTRES FEMMES À FAIRE LE TEST AUSSI !
du sein, l’existence de plusieurs foyers tumoraux dans le sein ou les caractéristiques cellulaires de la tumeur font partie des critères qui conditionnent ce choix.
L’utilisation de la chimiothérapie pré- opératoire peux être envisagée dans certains cas afin de réduire la taille tumorale et conserver le sein.
DEVOIR LUTTER CONTRE UN CANCER DU SEIN EST UNE ÉPREUVE DIFFICILE, PROPOSE-T- ON AUJOURD’HUI AU MAROC UN SUIVI PSYCHO-SOCIO- PROFESSIONNEL POUR VENIR EN AIDE AUX FEMMES ?
Un soutien psycho-social est indispensable au traitement du cancer du sein, que ce soit à l’annonce du diagnostic ou après la période des soins.
Nous oncologues, sommes souvent formés à la psycho-oncologie. La patiente sera adressée vers un spécialiste à sa demande ou si son médecin traitant le juge nécessaire. Au Maroc, le programme national de prévention et de contrôle du cancer a également beaucoup amélioré le volet socio-professionnel de la prise en charge de ces patientes.
À LA MÉNOPAUSE, LES FEMMES SONT-ELLES PLUS VULNÉRABLES ?
La prise de traitements hormonaux substitutifs à la ménopause afin d’en réduire les symptômes augmente le risque de cancer du sein chez ces patientes. Ces traitements doivent être pris pour de courtes durées sous surveillance médicale rapprochées.
NOUS SAVONS QUE LA RECHERCHE EN ONCOLOGIE ÉVOLUE SANS CESSE, Y’A-T-IL DE NOU-VEAUX TRAITEMENTS PROMETTEURS CONTRE LE CANCER DU SEIN EN PARTICULIER ?
Plusieurs pistes de recherche sont explorées actuellement afin d’améliorer la prise en charge des patientes.
La nécessité du curage ganglionnaire est remise en question par plusieurs essais qui recommanderaient de plus en plus son remplacement par la technique du ganglion sentinelle, beaucoup moins invasive.
De nouvelles techniques de radiothérapie sont également en cours d’étude avec un penchant vers la réduction du nombre de séances et du volume de sein irradié.
Enfin, l’efficacité du traitement par immunothérapie dans le cancer du sein fait l’objet de plusieurs essais surtout pour certains types de tumeurs très agressives et résistantes aux traitements classiques.
Est-il possible de guérir d’un cancer du sein ?
Oui certainement. Le cancer du sein peut être guéri dans 9 cas sur 10 s’il est diagnostiqué suffisamment tôt. C’est pour cela qu’on insiste sur le dépistage chez toutes les femmes à partir de 45-50 ans.
Avec les avancées en matière de traitements, le pronostic des formes avancées s’est également nettement amélioré.
Pour toutes informations ou rendez-vous, allez sur le site :
http://www.oncologie-qachach.c
Dr Fadwa Qachach se fera un plaisir de vous accueillir et de vous informer. N’hésitez pas à venir sur place dans son cabinet spécialisé en oncologie-radiothérapie.
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Résidence Ismail, 19 Rue de safi, appt 14,3èm étage – Mohammedia
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