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Khobz, msemen, batbout : les glucides du pain marocain sont-ils vos alliés ou faut-il vraiment s’en méfier ?

Publié le 8 mai 2025
Khobz, msemen, batbout : les glucides du pain marocain sont-ils vos alliés ou faut-il vraiment s'en méfier ?

Le pain marocain – khobz, msemen, batbout – est plus qu’un simple aliment : c’est un geste de partage, une chaleur quotidienne, un socle culturel. Mais faut-il pour autant fermer les yeux sur sa composition, notamment en glucides ? Cet article vous propose de démêler le vrai du faux, pour savourer sans culpabilité.

Le pain sur nos tables, la crainte dans nos têtes – une histoire de glucides et de traditions

Le pain au Maroc, c’est une évidence. Il accompagne les tajines fumants, recueille l’huile d’olive du matin, se déchire à la main autour d’une table animée. Le khobz du quotidien, le msemen du week-end, le batbout moelleux : ces pains ont une place presque affective dans notre culture. Et pourtant…

Dans le sillage des discours diététiques modernes, une petite musique angoissée s’installe : “Trop de pain, trop de glucides, attention à la balance !” On culpabilise, on hésite, parfois on s’en prive. Mais est-ce justifié ? Les glucides contenus dans nos pains traditionnels méritent-ils vraiment cette méfiance ?

Pas nécessairement. À condition de mieux les comprendre et de les consommer avec discernement.

Les glucides : kézako ? Petit rappel essentiel avant de décortiquer nos pains

Les glucides, ce sont d’abord le carburant principal de notre corps. C’est grâce à eux que notre cerveau fonctionne, que nos muscles bougent, que notre énergie tient toute la journée. Rien d’inquiétant en soi.

Il existe plusieurs types de glucides. Les “simples” (comme le sucre blanc) sont rapidement absorbés et peuvent provoquer des pics de glycémie. Les “complexes”, comme ceux des céréales ou des légumineuses, sont plus lents à digérer – et donc plus stables pour notre organisme, surtout s’ils sont accompagnés de fibres (présentes dans les farines complètes).

Autrement dit : tous les glucides ne se valent pas. C’est la qualité, la quantité et le contexte qui comptent.

Nos pains marocains adorés à la loupe : composition et apports

Le khobz (خبز) : le pilier quotidien

Le khobz, c’est la base. Préparé avec de la farine de blé (parfois d’orge ou de blé complet), de l’eau, du sel, parfois du levain ou de la levure, il est souvent cuit au four, parfois même dans un ferran traditionnel.

Côté glucides, on parle principalement d’amidon – une forme de glucide complexe. Lorsque le pain est fait maison, avec de la zraa (blé dur) ou de la belboula (orge), il offre aussi un bon apport en fibres et un indice glycémique plus modéré.

Le khobz blanc industriel, en revanche, perd beaucoup de ses atouts nutritionnels. Moins de fibres, un effet plus rapide sur la glycémie… et une sensation de faim qui revient plus vite.

Le msemen / rghaif (مسمن / رغايف) : le feuilleté réconfortant

Le msemen, qu’on déguste avec du miel ou du fromage, est à la fois croustillant et fondant. C’est une pâte à base de farine, de semoule fine, de sel, d’eau – généreusement huilée puis pliée à la main.

Sur le plan nutritionnel, il combine des glucides (farine, semoule) à une bonne dose de lipides (huile, parfois beurre). Ce n’est pas un pain “léger”, mais c’est une source d’énergie appréciable – à condition d’en modérer la portion.

Un msemen entier au petit-déjeuner ? Pourquoi pas, mais peut-être pas tous les matins, surtout si le reste du repas est riche.

Le batbout / mkhamer (بطبوط / مخامر) : la douceur moelleuse

Petit, rond, cuit à la poêle, le batbout a une texture tendre qui rappelle presque le pain pita. Il est souvent composé comme le khobz : farine, levure, sel, eau. Mais sa cuisson sans croûte lui donne une sensation de légèreté… qui peut être trompeuse.

Niveau glucides, on reste dans la même famille que le khobz. Le batbout est souvent consommé farci, en version salée ou sucrée – ce qui peut vite en augmenter la densité calorique.

Alors, cette « peur des glucides » dans le pain marocain : justifiée ou exagérée ?

On ne va pas mentir : oui, le pain contient des glucides. Mais faut-il s’en méfier ? Pas nécessairement. Tout dépend de comment et combien on en mange.

Un demi-khobz englouti machinalement, sans faim réelle, n’a pas le même impact qu’un quart de pain dégusté avec des légumes, des protéines et un filet d’huile d’olive.

La farine utilisée est aussi essentielle : une farine blanche raffinée agit différemment dans le corps qu’une farine complète, plus riche en fibres et nutriments. Autre élément souvent négligé : notre niveau d’activité. Un corps sédentaire n’a pas les mêmes besoins qu’un corps actif.

Pour les personnes vivant avec un diabète ou une intolérance particulière, il est évidemment recommandé d’être vigilant – sans pour autant tomber dans la peur généralisée.

Réconcilier plaisir et raison : comment savourer son pain marocain en toute sérénité

La clé, c’est la conscience. Mieux choisir, mieux accompagner, mieux savourer.

  • Privilégiez les farines complètes ou semi-complètes : Elles rassasient plus longtemps et ralentissent l’absorption des glucides. Si vous faites votre pain, explorez les recettes traditionnelles à base de zraa ou de belboula.
  • Lisez les ingrédients si vous achetez votre pain : Moins d’additifs, c’est souvent mieux.
  • Servez-vous des portions raisonnables : Un quart de khobz, un demi-batbout, un morceau de msemen suffit souvent pour se faire plaisir sans excès.
  • Composez une assiette équilibrée : Le pain ne doit pas être le seul élément du repas. Associez-le à des légumes, des protéines, un bon gras.
  • Prenez le temps de manger : Mastiquez, savourez, soyez présent à votre repas. Cela change tout.
  • Le fait-maison reste le meilleur allié : Vous contrôlez les ingrédients, les quantités, les cuissons – et vous retrouvez le lien avec les traditions.